L’esbroufe, ce mauvais pli qui ne s’efface pas

Il était déjà difficile d’accorder à la présidente de la Commission européenne le bénéfice du doute à propos de son plan Vert, mais cela devient chose impossible. Oubliant déjà ses proclamations en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique, le Parlement européen vient en effet de soutenir à une large majorité le financement de grands projets de fracturation hydraulique par la Banque européenne d’investissement (BEI).

Tel est le résultat d’un lobbying intensif des autorités allemandes qui sont à la recherche de nouvelles sources d’énergie suite à leur décision d’abandon de l’électronucléaire. Ce qui va de pair avec le projet de gazoduc Nord Stream 2. Au sein de l’Union, chacun tire de son côté, les autorités françaises protégeant du leur l’industrie nucléaire. Ce qui aboutit difficilement, on en conviendra, à une politique énergétique commune…

Il y a aussi beaucoup d’esbroufe dans les annonces des principaux acteurs de la finance et de l’économie. Dernière en date, la promesse par British Petroleum (BP) de la « neutralité carbone » d’ici 2050, sans toutefois préciser comment elle va s’y prendre. Afin de ne pas réduire la production de pétrole et de gaz, il est fort à craindre que la « compensation carbone » par le biais de la reforestation et du stockage en sous-sol du CO2 soit la principale méthode choisie.

Les actionnaires et les investisseurs de BP ont besoin d’être rassurés devant le risque de diminution de milliards de dividendes annuels et de dévalorisation des actifs du secteur de la production d’hydrocarbure, qu’importe la crédibilité de la promesse et son calendrier éloigné. Une dizaine de compagnies totalisant le cinquième de celles-ci, les géants américains faisant chambre à part, avaient d’ailleurs pris les devants dès 2015 en créant un fonds d’investissement d’un milliard de dollars sur dix ans – des clopinettes – dans le cadre de l’Oil and Gas Climate Initiative. Et la priorité était accordée au financement des recherches sur le captage, le stockage et la valorisation du CO2. Le passé éclaire le présent.

Le futur est d’autant moins assuré que l’on enregistre la poursuite de l’accroissement de la consommation mondiale de charbon, qui est très largement imputable à la Chine et à l’Inde.

De quoi être dubitatif et inquiet.

Une réponse sur “L’esbroufe, ce mauvais pli qui ne s’efface pas”

  1. Esbroufe suite (et hélas pas fin),

    Pendant que M Macron se donnait en spectacle sur le glacier du Mont Blanc, les eurodéputés LREM votaient un traité de libre-échange avec le Vietnam, pays qui pratique la pêche et la déforestation illégales et qui cerise sur la tonne de CO2 bafoue allégrement les droits de l’homme.

    Le Parlement européen valide un accord de libre-échange avec le Vietnam
    https://reporterre.net/Le-Parlement-europeen-valide-un-accord-de-libre-echange-avec-le-Vietnam

    Le Vietnam dénoncé pour ses atteintes aux droits de l’homme
    https://www.lefigaro.fr/international/le-vietnam-denonce-pour-ses-atteintes-aux-droits-de-l-homme-20190513

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